Apollo 18 est un film de science-fiction/horreur américano-canadien réalisé par Gonzalo López-Gallego en 2011.
Avec un budget de 5 millions de dollars (assez peu dans ce genre de films) il a généré au box office mondial 25 millions, soit cinq fois son coût, ce qui reste honorable. Toutefois, le film a reçu en majorité des critiques négatives. Il dure 80 minutes environ.
Synopsis : Il faut le dire tout de suite : ceux qui n'aiment pas les faux-documentaires à la caméra embarquée peuvent aussitôt passer leur chemin. Ce sous-genre du Cinéma est en effet très controversé, car il peut autant rebuter si mal utilisé (Cloverfield) que déclencher un fort sentiment d'angoisse et de proximité avec les personnages, voire de terreur réaliste (Cannibal Holocaust). Pour Apollo 18, on peut dire que les deux sont mélangés.
Ce faux documentaire est donc basé sur la mission Apollo 18 qui fut annulée pour raisons budgétaires en 1970. Le film soutient toutefois que la mission s'est déroulée en secret, en envoyant 3 astronautes avec pour mission officielle d'installer de l'équipement de surveillance contre les Russes, et officieusement de récolter des "roches lunaires". Le film prend donc son temps avec les cosmonautes qui alunissent, installent leur matos, puis vient le principe de ce que j'appelle la "cascade du stress", c'est à dire une succession d’événements louches qui mettent les personnages comme le spectateur mal à l'aise ; roches qui bougent, des échantillons qui se baladent hors de leurs sachets, traces de pas inconnues, coupures radio... (cette cascade est efficace pour faire monter le stress et instaurer une paranoïa ; bien présente dans des films comme La Colline a des Yeux). La découverte d'un module russe avec du sang partout à l'intérieur n'arrange pas les nerfs de nos courageux astronautes !
Il faut attendre la moitié du film pour que la théorie d'une présence extraterrestre soit envisagée, et à partir de là les bestioles en question (un vilain remake d'Alien) font leur apparition par le biais de plans rapides. La situation se dégrade lentement mais sûrement ; les personnages entament une descente psychologique éprouvante, avec un des cosmonautes qui se fait évidemment contaminer et devient fou. La situation exige désormais des décisions drastiques, et les pauvres astronautes essayent de rentrer sur Terre, mais (on s'y attendait aussi) la NASA refuse bien sûr de les ramener par risque de contagion et préfère les laisser pourrir dans l'espace, à la merci des araignées lunaires... Dommage pour la fin, qui reste prévisible avec la théorie du complot, comme quoi le gouvernement était au courant depuis le début, les a envoyé en tant que cobaye, blablabla...
Le film se termine sur une scène rendant un bel hommage aux hommes du programme Apollo, puis en tentant de nous faire croire que le gouvernement a menti sur toute l'histoire, avec le site lunartruth.com à l'appui (le problème c'est qu'il est bourré de fautes d'orthographe, ça fait pas très pro pour un site censé détenir des infos ultra-confidentielles).
Réalisation : Comme dit précédemment, le principe de la caméra embarquée (ou found footage) peut être à double tranchant ; mais dans la cadre de ce film, un faux documentaire, il fallait obtenir un certain réalisme pour que le spectateur lambda puisse gober l'histoire, et comme on se doute bien que les missions Apollo n'embarquaient pas toute une équipe de tournage, bah il restait que la caméra embarquée... Qui reste tout de même assez efficace, avec un montage général de plans en noir en blanc volontairement de mauvaise qualité afin de conforter le réalisme. Les transitions sont assez brusques mais ne dérangent pas ici, comme si on avait fait un montage en occultant volontairement certaines scènes...
Les effets spéciaux sont corrects dans l'ensemble, l'infection est pas trop mal même si les bestioles sont loin d'être convaincantes ; heureusement on les voit pas trop... On remarquera l'utilisation des flash de l'appareil photo en tant qu'éclairage, une technique qui marche bien, même si le film Saw l'a déjà popularisée !
Bande-son : Forcément pour un faux documentaire qui se veut réaliste, il n'y a pas de musique dans l'espace et donc dans le film non plus (renforce le sentiment de vide et donc d'impuissance), hormis quelques morceaux que les astronautes écoutent quand ils ont un coup de blues.
Après quelques bruitages inappropriés font leurs apparitions (ya pas d'air sur la Lune, donc pas de son, donc les portes qui grincent en s'ouvrant et les bruits de pas sont logiquement proscrits) mais bon ce ne sont que des conventions pour le bien-être du spectateur, on va pas chipoter là-dessus...
Jeu des acteurs/Personnages : La performance générale des acteurs est tout à fait correcte ; on ira pas jusqu'à verser des torrents de larmes, mais au moins on ne cassera pas sa télé à cause d'acteurs encore moins convaincants que leurs rôles.
Quant aux personnages, ceux-ci ont un comportement assez réaliste dans l'ensemble, gardent bien leur sang froid en bons professionnels, ne se montent pas la tête avec de gros délires mais observent les faits et en tirent des conclusions objectives, et au final décident de se sacrifier quand ils sentent leur fin arriver. Bref, enfin des personnages pas trop cons et un minimum réalistes !
Conclusion : Un faux documentaire sympathique sur la mission Apollo 18, bien orchestré dans ses débuts avec du suspense omniprésent, de l'angoisse montante et des protagonistes qui utilisent leurs facultés cérébrales pour changer ; mais la fin reste trop prévisible avec un matraquage excessif de la théorie de la conspiration envers le gouvernement. Un Blair Witch de l'espace pour faire simple ; on ne crie pas au miracle mais on ne hurle pas à la daubasse non plus !